En éditant les séries photographiques qui dans mon travail d’artiste visuel m’ont servi d’ « enquêtes de terrain », une constante souterraine à ma démarche se fait jour : celle de chercher à définir par l’image des lieux, des territoires donnés.
Les séries nourrissent généralement une dialectique sous-jacente (et sont nourries et structurées par elle) : une comparaison entre des lieux géographiques ou des villes distinctes (New-York/Detroit, Imatra/Tallinn), un contraste social ou économique, une différence voire une dissonance entre un discours tenu et ses marges. Cette structuration conceptuelle d’analyse critique associée au travail de l’image est la raison pour laquelle je maintiens dans mon travail la notion d’ « enquête de terrain » voire celle d’ « observation participante ». Celles-ci me viennent de mes lectures de sociologie et d’ethnographie, sans que cela revienne à dire que je cherche à produire des images « à thèse », ou à me prendre pour un chercheur en sciences humaines que je ne suis pas. Seulement ces lectures ont beaucoup nourri mon regard et parfois les photographies « touchent » un point d’étude typique des sciences sociales. Une de mes première question d’artiste fut du reste « Pour qui je travaille ? » : c’est cette question qui m’amena en premier lieu à étudier les situations dans lesquelles m’entrainaient mes activités d’artiste. Le fait d’être né dans une ville industrielle aux forts contrastes socio-économiques, et qui a connu de profondes mutations, Le Havre, n’est pas non plus indifférent dans ce soucis d’une approche compréhensive des territoires, des paysages et des contextes.
Ci-dessous un diaporama des premières vues d’une nouvelle série sur le Couserans, un territoire rural des Pyrénées. Nouvelle car récente et en cours de développement, mais aussi nouvelle par sa typologie car je suis plus habitué aux territoires industriels et urbains.
Regards croisés au cours de sessions de photographie de rue, d’une expérimentation de studio, ou d’un travail collaboratif quelconque, sans être une pratique caractéristique ou centrale de mon travail d’artiste visuel, les portraits surviennent. Je ne saurais d’ailleurs pas approcher d’éventuels « modèles » autrement. Comme cet homme qui me voyant photographier l’architecture sollicita de ma part d’être photographié, d’être seulement regardé peut-être, car il déclina ma proposition d’un second rdv pour obtenir un tirage papier de son portrait.